RaidDef'...

Publié le par Jean-Louis Michel

03C’est Theo qui avait le plus morflé, il avait toujours été le plus sensible d’entre nous. Par défi, ou par désespoir, il multipliait les rencontres pourries dans les bars et les sauteries mondaines. Je croisais régulièrement dans sa vie des types gaulés comme les mannequins des pubs Jean-Paul Gauthier, glabres et musclés, trop jeunes pour être honnêtes. Des étrons hyper lookés prêts à sucer n’importe qui en soirée pour un peu de blé, de la coke gratuite ou un job à deux balles dans le milieu de la mode, la grande illusion au pays des paillettes. La plupart d’entre eux couraient les castings de téléréalité en faisant croire qu’ils étaient hétéros ou en couinant comme des folles, pensaient devenir des stars de rien et retrouver leurs petites gueules d’ange dans les pages people des hebdos qu’on feuillette sans lire dans les salons de coiffure. Theo les consommait comme un môme qui trouve la cachette des bonbons dans l’armoire : à en perdre la raison. Les branleurs lui chouravaient du fric, des tableaux, ce qu’ils pouvaient, abusaient de sa faiblesse ou de ses absences. J’en ai coincé un, un jour, qui se tirait avec son MacBook, je l’ai savaté dans l’escalier de l’immeuble, et jusque dans la rue, je lui ai explosé la lèvre et quelques dents et j’en avais retenu un plaisir immense. Plus tard, je retrouvais Theo dans le coma, totalement défoncé, gisant sur le tapis de son salon, quasiment nu. Son appartement sentait la résine de cannabis à plein nez, méconnaissable. Je l’avais connu soigneux, organisé, il était maintenant une sorte d’épave, jouant à la roulette russe tous les soirs ou presque.

 

Extrait de RaidDef' - 3ème...

Publié dans Nouvelles

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