Faulkner à la barre...

Publié le par Jean-Louis Michel

livres

 

Selon le New York Times, La «Faulkner Literary Rights» qui gère les droits de William Faulkner (qui est mort depuis 50 ans, la précision est utile) ont poursuivi Woody Allen pour avoir utilisé une citation tirée de « Requiem pour une nonne » dans son film « Midnight in Paris » Owen Wilson y disait: «Le passé n’est pas mort. A vrai dire, il n’est même pas passé. Tu sais qui a dit ça? Faulkner.» L’organisme voit dans cette citation une violation de son Copyright.

 

Je suppose que cette «Faulkner Literary Rights» aurait préféré que Mr Allen leur verse une somme rondelette et des royalties provenant de la recette de son film ? En cherchant un peu quelques informations sur cette noble institution, gardienne des droits littéraires de l’auteur d’Absalon, Absalon ! et de Monnaie de singe, j’ai trouvé une autre affaire qui implique le Washington Post et la société Northrop et qui date de l’an dernier.

En effet, la société Northrop, qui est un constructeur d’avions de chasse (entre-autre) avait acheté une page de publicité dans le « Post » et inclus une autre citation de l’auteur :

 

We must be free,

Not because we claim freedom

But because we practice it

 

William Faulkner

 

Qui est donc cette société ? Que cherche t-elle à protéger sinon sa poule aux œufs d’or ?

 

Ces procédures venant d’organismes, d’aillant droits ou de descendants qui n’ont jamais rien écrit de leur vie et qui vivent sur les royalties des ventes d’œuvres milles fois rentabilisées posent la question de l’opportunité de l’existence de ces lois sur la protection des droits d’auteurs. On l’a vu, par exemple, avec Le vieil homme et la mer, François Bon accusé de contrefaçon par Gallimard pour avoir osé proposer une nouvelle traduction de l’œuvre.

 

Pour avoir les idées claires, au sujet des lois sur les droits d’auteurs (source Wikipedia) :

 

Condition basées sur les décès d’auteurs.

 

Aux Etats-Unis : Vie + 70 ans (ouvrages publiés depuis 1978 ou de travaux non publiés)

 

En France : Vie + 70 ans (sauf les œuvres posthumes publiées après ce terme)
Sauf pour les auteurs mort pour la France qui bénéficient du régime des Prorogations de guerre

 

Conditions basées sur les dates de publication et de création.

 

Aux Etats-Unis : 95 ans à la publication ou 120 ans de la création si elle est plus courte (œuvres anonymes, les œuvres pseudonymes, ou des œuvres « made for hire », publiée depuis 1978), 95 ans à compter de publication des ouvrages publiés 1964-1977, 28 (droit d'auteur si non renouvelé) ou 95 ans à compter de la publication de travaux publiés 1923-1963 (Copyrights avant 1923 ont expiré.)

 

En France : 70 ans à la publication (sous un pseudonyme, anonyme ou collective works)
25 ans après publication (œuvres posthumes publiées après l'art. L123-1 terme)

 

Pour ce qui concerne la citation tirée de « Requiem pour une nonne », qui date de 1951, les droits courent donc jusqu’en 2046, si on se base sur la date de publication (et si j’ai tout compris) et je remarque que le Vieil homme et la mer  est également de 1951. 95 ans, c’est énorme !!!

 

Je croyais innocemment que toutes ces affaires ne concernaient que les descendants des auteurs, enfants, petits enfants ; il y a maintenant des sociétés, créées par les descendants pour défendre leurs intérêts ? Et quel mal y a-t-il à citer un auteur ? Après tout, ça fait un peu de pub, et c’est toujours bon à prendre, non ? Bon, sauf si ça vient de chez un marchand d’arme, mais Woody Allen ? J’avoue, je ne pige pas. Enfin…là, tout de suite, je me demande si, en recopiant ces deux citations, je ne risque pas de me voir trainer en justice pour piraterie  caractérisée !

 

Merde, j’ai chaud tout à coup !

Publié dans news - actu...

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